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Les 5 principales nouveautés du futur missel

Lors de leur Assemblée plénière le 5 novembre à Lourdes, les évêques français ont annoncé que la nouvelle traduction du missel romain avait été approuvée par le Saint-Siège. Elle doit entrer en vigueur pour l’Avent 2020 et être définitivement adoptée pour à partir du lundi 24 mai 2021, mémoire de «Marie, Mère de l’Église».

Source : La Croix

La relation du Père et du Fils précisée
«La traduction française de la messe met dans la bouche des fidèles, au Credo, une formule qui est erronée de soi, et même, à strictement parler, hérétique.» C’est avec ces mots forts que Jacques Maritain dénonçait dès les années 1970 la traduction française du Je crois en Dieu affirmant que le Christ est «de même nature que le Père». Dans un courrier, le philosophe expliquait: «Je suis de même nature que M. Pompidou, je ne lui suis pas consubstantiel».
Avec cette nouvelle traduction qui s’appliquera définitivement en 2021, l’assemblée dira de Jésus qu’il est «consubstantiel au Père». Cette affirmation vient ainsi souligner qu’il n’y a bien qu’un seul et unique Dieu, une seule substance divine. Il s’agit de la modification la plus importante car elle concerne une prière prononcée par tous, prêtres et fidèles, et qu’elle n’est pas facultative.

Une prière sur les offrandes plus proche du latin
L’autre grand changement de ce nouveau missel concerne la prière sur les offrandes, aussi appelée Orate fratres. Dans la version actuelle, le célébrant dit: «Prions ensemble, au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Église». Ce à quoi l’assemblée répond: «Pour la gloire de Dieu et le salut du monde».

Si elle est toujours possible dans le futur missel, cette formule est reléguée au second plan. Le prêtre privilégiera: «Priez, frères et sœurs: que mon sacrifice, et le vôtre, soit agréable à Dieu le Père tout-puissant». Et l’assemblée: «Que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice à la louange et à la gloire de son nom, pour notre bien et celui de toute l’Église».

La nouvelle version a été exigée par le Vatican, pour plus de proximité envers le texte latin, tandis que le maintien de la version actuelle est dû à l’insistance des épiscopats francophones. «La très belle formule actuelle est entrée dans les mémoires depuis 50 ans et Rome a laissé la possibilité entre les deux», détaille Bernadette Mélois, directrice du Service national de pastorale liturgique et sacramentelle (SNPLS) de la Conférence des évêques de France.

Une plus grande présence des femmes
Un autre apport parmi les plus visibles de cette nouvelle traduction est le remplacement occasionnel du mot «?frères?» par l’expression «frères et sœurs». Par exemple, lors du Je confesse à Dieu les fidèles diront: «Je reconnais devant vous, frères et sœurs (…) et vous aussi, frères et sœurs, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu».

Cette évolution se retrouve également dans d’autres formules de la messe. Ainsi, dans la Prière eucharistique I, lors de la commémoration des vivants, le célébrant dira?: «Souviens-toi Seigneur; de tes serviteurs et de tes servantes…». Cette précision féminine est là aussi un ajout par rapport à la traduction antérieure, mais correspond au texte latin, précise Bernadette Mélois.

Une liturgie plus recueillie
«Une des nouveautés de cette traduction est la place importante laissée au silence», remarque la responsable du SNPLS. Pour elle, «le silence fait partie de l’action liturgique et permet une réception fructueuse de la Parole de Dieu». Le nouveau missel indique ainsi un nouveau temps de silence après le Gloire à Dieu.

La nouvelle traduction vient également rappeler que la prière liturgique est une prière chantée, poursuit Bernadette Mélois. Elle accorde ainsi une certaine place au latin, en proposant de chanter dans cette langue le Gloria, le Credo ou encore le Pater Noster. Les préfaces chantées seront aussi publiées avec la nouvelle traduction.

Toujours dans la même optique de recueillement, le nouveau missel précise qu’au moment de la consécration, après l’élévation du Pain et du Vin, le prêtre fait une génuflexion en «adorant». Ce dernier mot était absent des traductions précédentes.

L’importance de la gestuelle
À plusieurs endroits, le nouveau texte vient préciser les gestes du prêtre et plus rarement ceux de l’assemblée. Il vient par exemple renforcer l’invitation à s’incliner lors de l’évocation du mystère de l’incarnation dans le Je crois en Dieu, tant dans le symbole de Nicée-Constantinople que dans le symbole des Apôtres.

«Dans la liturgie, le corps participe à la prière de l’Église», explique Bernadette Mélois. «Ce n’est pas une prière intellectuelle, elle fait participer tout l’être et les gestes sont donc importants.»